lunes, 11 de abril de 2011
Der Zauberberg
—Oh, l’amour, tu sais… Le corps, l’amour, la mort, ces trois ne font qu’un. Car le corps, c’est la maladie et la volupté et c’est lui qui fait la mort; oui, ils sont charnels, tous deux, l’amour et la mort, et voilà leur terreur et leur grande magie! Mais la mort, tu comprends, c’est d’une chose mal famée, impudente, qui fait rougir de honte; et d’autre part c’est une puissance très solennelle et très majestueuse (beaucoup plus haute que la vie riante gagnant de la monnaie et farcissant sa pensée; beaucoup plus venerable que le progrès qui lavarde par le temps), parce qu’elle est l’histoire et la noblesse et la pitié et l’eternel et le sacré qui nous fait tirer le chapeau et marcher sur la pointe des pieds… Or, de même le corps, lui aussi, et l’amour du corps, sont une affaire indecente et fâcheuse et le corps rougit et pâlit à sa surface par frayeur et honte de lui-même. Mais aussi il est une grande gloire adorable, image miraculeuse de la vie organique, sainte merveille de la forme et de la beauté, et l’amour pour lui, pour le corps humain, c’est de même un intéret extremement humanitaire et une puissance plus educative que toute la pédagogie du monde…! Oh, enchantante beauté organique qui ne se compose ni de teinture à l’huile ni de pierre, mais de matière vivante et corruptible, pleine du secret fébrile de la vie et de la pourriture! Regarde la symétrie merveilleuse de l’edifice humain, les épaules et les hanches et les mamelons fleurissants de part et d’autre sur la poitrine , et les côtes arrangées par paires, et le nombril au milieu dans la mollesse du ventre et le sexe obscur entre les cuisses! Regarde les omoplates se remuer sous la peau soyeuse du dos, et l’échine qui descend vers la luxuriance double et fraîche des fesses et les grandes branches des vases et de nerfs qui passent du tronc aux remeaux par les aiselles, et comme la structure des bras correspond à celle des jambes. Oh, les douces régions de la jointure intérieure au coude et du jarret avec leur abondance de délicatesses organiques sous leurs coussins de chair! Quelle fête inmense de les caresser ces endroits délicieux du corps humain! Fête à mourir sans plainte après! Oui, mon Dieu, laisse-moi sentir l’odeur de la peau de ta rotule, sous laquelle l’ingénieuse capsule articulaire sécrete son huile glissante! Laissse-moi toucher dévotement de ma bouche l’Arteria femoralis qui bat au front de la cuisse et qui se divise plus bas en les deux artères au tibia! Laisse-moi ressentir l’exhalation de tes pores et tâter ton duvet, image humaine d’eau et d’albumine, destinée pour l’anatomie du tombeau, et laisse-moi périr, mes lèvres aux tiennes!
Etiquetas:
l'amour,
La montaña mágica,
la mort,
mes lèvres aux tiennes,
Thomas Mann
Suscribirse a:
Enviar comentarios (Atom)
No hay comentarios:
Publicar un comentario